Au fil del'eau et du temps (fin)
Quittant les bâtiments fantômes de l'ancien tissage je repasse sur la rive droite de la Fure. Sitôt sur le pont j'entends de nouveau le bruit de la vie industrielle. Né "dans la ferraille" chez un père artisan métallier je reconnais le bruit caractéristique d'une cisaille-guillotine...Mais du gros tonnage ! Je l'imagine monstrueuse. J'approche des aciéries, dernière industrie lourde du bord de notre rivière à prospérer sainement.
Certes ici les bâtiments étouffés par l'étroitesse du vallon ne peuvent pas s'élargir mais d'autres unités du même groupe s'implantent en "zone" sur notre canton. Bien sûr le bruit de l'usine est moins poétique que le gazouillis de l'eau autour des bâtiments en ruine vus précédemment mais la vie de notre citée en dépend et ça n'empêche pas les merles de s'égosiller dans le brouhaha ambiant.
Tous ces bâtiments agglutinés donnent au vallon un air surréaliste. Ici on fabrique des clôtures et des outils: pelles pioches, masses, marteaux, héritage des anciennes taillanderies qui suivirent les épéries installées au XIIe siècle. L'acier transformé vient des Forges et laminoirs de la même entreprise installés près de la toute proche gare de Rives. Autrefois la fabrication de ces outils permettaient à de petites entreprises sous traitantes de vivre en tournant les manches à partir du bois local. Aujourd'hui grâce à nos énarques bien pensants inventant les normes internationales, les manches sont en matière plastique ! Vieille tradition dans cette petite vallée et qui date de l'époque ou les ouvriers vivaient sur place, chaque parcelle même la plus escarpée sur laquelle aucun bâtiment n'a pu poser fondation et transformée en potager.
La réussite décorative est plus ou moins probante mais le contraste avec la grisaille des vieilles usine et assez original.
Bon je termine ma promenade et à l'entrée du faubourg de grandes bâtisses nous rappellent les grandes familles qui possédaient les fabriques. Certaines tout simplement riches et cossues,
d'autres sans doute nostalgiques d'un passé colonial cherchent un peu d'exotisme, comble d'ironie, au lieu-dit justement nommé la glacière !
Dernier coucou à mes copines à qui je raconte tout....
Elles semblent me dire hummm on irait bin faire un tour aux potagers Mêêêêêê c'est défendu !