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Le garde champêtre de la commune libre
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21 août 2012

Souvenirs (fin) LES MALIENS

Lorsque je quitte la Martinique en ce jeudi de décembre il fait 32°, j’arriverai le lendemain à Orly où il fait 0° et le lundi je rejoindrai le tunnel des Hurtières en Savoie qui vient de « débourrer » (heureusement sans victime) il fait à mon arrivée moins 12°…

Aujourd’hui  allez savoir pourquoi je rigole quand je vois cette brave Catherine Laborde, l’air sincèrement catastrophée, nous donner les procédures à suivre pour survivre durant quatre jours à une température « apocalyptique » qui est passée brutalement de 28 à 36°!

 

images

Je passe quelques temps tranquille en chantier sur Rhône-Alpes, puis une nouvelle fusion d’entreprises survient. La direction d’agence change, mes anciens chefs sont dispatchés avec des « promotions » souvent dégradantes et  me voici en totale incompatibilité d’humeur avec la nouvelle Kommandantur. Je reconnais sans peine que si j’ai toujours fait mon job avec la meilleure conscience professionnelle, je n’ai jamais fais le moindre effort pour paraitre agréable aux dirigeants fraîchement parachutés sur « mes » terres.   

Malgré cette mésentente irréversible et le fait que mon retour à l’entreprise me classe dans les « derniers embauchés », de manière totalement irrationnelle,  je ne ferais pas partie des deux ou trois « charrettes » de licenciements. Par contre, orphelin d’agence, je passe allègrement de Marseille à Fessenheim  et de Zurich à Monaco.

 

Monaco

Je retrouve dans cette errance nombre de vieux copains. Je m’organise pour passer pratiquement tous les week- end à la maison, de temps en temps lorsque l’endroit est agréable Framboise me rejoint quelques jours. Je me trouve de plus en plus souvent en chantier sur Paris où finalement je semble être à peu près posé. C’est là que je rencontre la communauté malienne.

 

Grand palais l'équipe

En notre capitale, il se trouve qu’en ce moment les anciennes fondations souffrent énormément. Pour faire ce que l’on appelle une « reprise en sous œuvre » il nous faut travailler en sous sol où nous générons des mètres cubes de boue que nous ne pouvons bien évidement pas laisser sur place. Malgré les pompages il faut un nettoyage manuel  permanent avec pelle, raclette, balais et parfois marteau piqueur.

 

Grand palais 3

Les machines obligatoirement petites sont moins automatisées et demande une grosse manutention humaine. Peu aujourd’hui acceptent de travailler dans ces conditions pénibles et parfois insalubres. Les maliens très pauvres dans leur pays, sans formation professionnelle, souvent illettrés n’hésitent pas à quitter leur village, leur familles, leurs coutumes pour venir « faire de l’intérim » en France, Il partent entre deux et quatre ans puis rentre passer  trois ou quatre mois « au bled ». Les entreprises de fondations spéciales les emploient  à chaque chantier. Je me suis fait de bons copains parmi ces précieux aides de camp. Ce grand diable de Diallo était souvent avec moi, quand un nouveau arrive il se précipite et lui explique : «  tu vois çui là c’est Zanmiçel c’est comme mon papa » malgré la fatigue et les soucis du déracinement il trouve toujours le moyen de faire le clown

 

Grand palais Dialo

Et si je lui dit arrête de faire le pitre 5 minutes il rétorque : «  mais z’fais mon boulot et si ze rigole pas bin z’vais pleurer et alors là papa t’es foutu ! » mais malgré les sourires et les petites blagues les regards sont souvent tristes et lointains.

 

Grand palais 2

Je me souviens de cet incendie d’immeuble dans le treizième  où périrent  17 maliens dont quatorze enfants. Certains de mes copains connaissaient des victimes. Peu de temps après la télé nous montra certains immeubles en ruine où squattaient des clandestins dont le seul lien avec les victimes précédentes était la couleur de peau. Nombre de français en ont déduit et pensent encore que les victimes de l’incendie étaient donc en situation irrégulière et que c’est un squat qui avait brulé alors qu’il s’agissait d’un immeuble associatif. Je reverrais toujours le lendemain du reportage l’air abattu du petitTraouré ce brave garçon aux marques tribales qui lui déformaient le visage me dire en parlant des journalistes:  « Zanmiçel pourquoi y z’ont fait ça ? Maintenant dans le métro les gens y croivaient qu’on est nous aussi des sans papiers ! » je n'ai jamais osé lui dire qu’ hélas beaucoup y « croivaient » déjà avant !

En revoyant ces photos je pense à cette vidéo . Il n’est pas besoin de comprendre le créole capverdien de Césaria Evora, prenez trois minutes pour regarder et comparez juste les regards et les mains sur les épaules du clip avec les photos de ce billet….

 

FLAGRANT NON ?

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Commentaires
M
Ah ben voilà j'ai rattrapé mon retard.<br /> <br /> Je suis émue de lire l'histoire de tes amis maliens...<br /> <br /> La vie n'est pas aussi douce avec tout le monde<br /> <br /> On choisit pas ses parents,<br /> <br /> on choisit pas sa famille<br /> <br /> On choisit pas non plus<br /> <br /> les trottoirs de Manille<br /> <br /> De Paris ou d'Alger<br /> <br /> Pour apprendre à marcher<br /> <br /> Etre né quelque part<br /> <br /> Etre né quelque part<br /> <br /> c'est toujours un hasard...<br /> <br /> Je suis vraiment émue de comment tu racontes tout ça.<br /> <br /> bises
N
JM....En cette nuit d'insomnie, après avoir été relevé mon papa tombé du lit, je te lis avec réel plaisir. Magnifique cette solidarité qui te donne de beaux souvenirs. Si seulement c'était comme ça partout... demain je dois préparer mon entretien-carrière... tu sais le truc sympa où tu t'auto évalues et on t'évalue...Heureusement, mon chef est sympa mais comme cela remonte d'un cran ensuite je ne suis pas convaincu qu'au niveau + 2 ils se soucient vraiment des vieilles peaux comme moi.. à a peine 50 ans, on sent que l'on commence à gêner aux entournures... je ne peux m'étaler sur mon blog mais un mal être me donne des envies de changement (en interne peut être, en tatant discrètement le terrain... je sais que mon arrivée est la bienvenue...) mais tu sais ce que tu quittes, pas sûre de prendre totalement son pied dans le nouveau poste... avoir l'impression de perdre ses acquits, ses connaissances, de redémarrer... peur de regretter.... oser dire pourquoi tu veux changer... bref Nanou la trouillarde qui aime bien son confort aussi.... allez il est temps que je me couche... en ce moment des journées de 10 heures souvent.... Bises... et bon matin...
M
Faut que je lise tout ça j'ai du retard!!!
K
Il y a des vies riches de tout ce qu'elles n'ont pas eu. C'est un juste retour des choses.<br /> <br /> <br /> <br /> On te connaissait avec le bicorne, maintenant avec le casque de chantier. Le Garde a décidément plusieurs casquettes.<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne nuit. Bises à vous 2
8
Cette fois, je ne trouve pas les mots.<br /> <br /> Alors, juste Merci<br /> <br /> Je suis très heureuse de te savoir enfin serein auprès de Dame Framboise, au pays que tu aimes et au Mollard que tu aurais inventer s'il n'avait pas été là. Cet endroit unique et hors du temps, il était fait pour toi<br /> <br /> Ce soir, c'est une Mamie bouleversée qui<br /> <br /> t'embrasse très fort et très affectueusement, et qui pense à Françoise dont la vie n'a pas non plus été un long fleuve tranquille dans le sillage de ce mari ballotté aux quatre coins du monde<br /> <br /> Bonne nuit à vous deux Bises du soir ++++
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