Ma grand-mère

Pourquoi pensais-je à cela en montant les lacets de Fure hier alors que j'y suis passé des milliers de fois depuis que j'ai entendu cette histoire ? Pourquoi ma grand-mère plus rompue aux travaux des champs qu'aux causettes qu'elle disait stériles m'avait confié ce souvenir de jeunesse, inoubliable pour elle bien sûr, capital mais d'une autre époque... De son temps ! Pourquoi ? Enfin j'y pense et au lieu de prendre la route normale je prends le "chemin neuf" celui qui monte à Bourretière ce hameau où la ferme de mes grands-parents dans laquelle j'ai passé de si bons moments a disparu dans un incendie. Je passe le lieu sans regarder et monte au champ des pommiers. Là je m'arrête et regarde la ferme dite de " la Bergère" c'est de là que part notre histoire.

Marie, ma grand-mère, avait perdu sa mère à 11 ans et avait été élevé par les soeurs à l'orphelinat de Chambery. A ses 18ans son père qui était métayer à " la bergère" l'avait prise avec lui ainsi que ses trois autres enfants encore en vie.. Marie s'occupait du poulailler du pigeonnier et du potager car c'est ce qu'elle avait appris chez les soeurs. A cette époque la charité chrétienne voulait que les tâches fussent équitablement partagées: Les pensionnaires apprennent la broderie, la musique et se cultivent pendant que les orphelines sont formées aux travaux fermiers et au ravaudage. Alors pensez après sept ans d'internat Marie l'aimait cette vie de liberté à la Bergère, et puis en face vers le champ des pommiers il y avait la ferme des Thomas, Souvent Louis lui faisait coucou en moulinant des bras et lorsqu'elle étendait le linge d'une certaine manière ça voulait dire rendez-vous demain matin à l'heure de la lessive au fond du vallon sur les bords de la Fure!...

La vie coulait tranquille comme la petite rivière. Mais un jour son père lui dis sans préambule:

Marie tu es en âge de te marier, Monsieur T. ,le maître,aimerais que tu épouse un jeune fermier qui lui tient une propriété vers saint laurent du pont. Il est travailleur, bon chrétien, tu seras heureuse.

Tout bascula, la petite Marie, c'était jour de confesses, courra à la chapelle. En larmes au confessionnal elle pleura son malheur.

Le curé était brave homme et lui dit qu'il prierai pour elle... mais il fit mieux...quelques jours plus tard mon arrière grand-père fut convoqué chez le maître en présence du curé, ce dernier leur dit: Mes frères nul mieux que moi dans le secret de mon confessionnal, ne sais les affres de ces mariages arrangés de main de maître, les chagrins occasionnés... pire !!! le péché qui profite de cela pour tournebouler de bonnes chrétiennes !!! Alors je me suis renseigné, ce Louis Thomas c'est vrai ne viens pas à la messe, mais il est robuste, d'une honnête famille et a eu deux honorables médailles au chemin des dames. S'il veux épouser la petite Marie que voulez-vous donc chambouler ? En plus il est propriétaire! Monsieur T. avait sans doute d'autre chats à fouetter et ce colosse de père Vouillon ne trouva rien à redire si ce n'est rentrant à la maison:

Marie je t'interdit d'aller rejoindre ton amoureux dans les bois, dit lui de venir me dire ses intentions.

Il vint. Du mariage de Marie et de Louis naquit... Quelle originalité : Marie-Louise, ma mère. C'est pas une belle histoire?

Comments

[JMB]

Et ma grand mère aurait été obligée de ce marier avec un fils de métayer qu'elle ne connaissait pas. Je ne suis pas aux bottes des ecclésiastiques, mais ce curé quel brave homme ! et quel entente entre mes grands-parents, il eut été vraiment dommage qu'il en soit autrement;

Bizzz. J'espère que cette histoire t'a autant fait plaisir que celle de ta grand-mère m'a ému.

JMB

[Mahie]

Oh ben j'ai eu peur!!! J'ai cru qu'on allait à la cata!!!!

Ma grand-mère et mon grand-père se connaissait à peine quand ils se sont marié! Par chance ils se sont bien aimé!!! Mais c'était pas gagné d'avance!

[S O N Y A]

belle fin de journée

j'ai eu un très beau temps aujourd'hui

gros bisous du soir

[Cassiopée]

Oh que is , pour peu on se serait cru du côté de chez Maupassant !

[JMB]

C'est vrai que j'ai trouvé son histoire très belle, c'est vrai aussi que sa vie et celle de mon grand-père, comme leur jeunesse fut très rude et rugueuse. Ils ne connaissaient pas les mots modernes comme positiver, ils n'avaient pas de coaching, de psy, mais je les ai toujours vu avancer sans se plaindre. J'essais de retenir la leçon. Merci de vos visites et bizzz à vous.
JMB